Publié le 7 août 2022
Auprès du grand public, un nom l'incarne : Pierre Trabaud, Pierre Wolf selon les archives de l'état civil.
Né à Chatou rue du Val Fleuri (on ne connaît pas l'adresse exacte) dans une voie qui tire son nom du "Val", lieu dit mentionné dans le censier de 1416 de Charles Malet, Pierre Trabaud est aujourd'hui être mis à l'honneur pour le centenaire de sa naissance, le 7 août 1922.
Sa voix singulière et son charisme, sa personnalité éminemment sympathique, lui donnèrent plusieurs rôles dans le cinéma de l'après-guerre où, sans être la vedette principale, il joua des personnages marqués par l'optimisme et l'initiative, bienvenus dans une période de reconstruction.
Le lecteur nous permettra à ce sujet d'ouvrir une parenthèse : le 13 septembre 1947, le journal "
Le Miroir du Monde" titrait : "
Le cinéma est la seconde industrie française", et d'énumérer sous la plume de Maurice Bessy : 85.000 personnes employées dans les studios et les usines fabriquant du matériel pour la production, 3.000 salariés dans 114 sociétés de production, 9 millions de spectateurs enregistrés au cinéma chaque semaine représentant plus de 20% de la population, 5.500 salles de cinéma etc...La production française se distinguant sur la seul année 1946 par 10 adaptations de pièces de théâtre, 28 adaptations d'œuvres littéraires, 59 scénari originaux.
Après avoir suivi le Cours Simon, Pierre Trabaud occupa sa première vraie place au cinéma en 1945 dans le film “Le Jugement Dernier” de René Chanas avec Jean Desailly et Louis Seigner.
Il fut ensuite à l'affiche des films de Jean Becker, "
Rendez-vous de Juillet" (1947) et "
Antoine et Antoinette" (1949) puis enchaîna avec "
Manon" (1949) de Henri-Georges Clouzot, "
Lady Paname" (1950) de Henri Jeanson, "
Sans laisser d'adresse" (1951) de Jean-Paul
Le Chanois pour une brève apparition. Il collabora à plusieurs reprises avec Léo Joannon, en faisant une apparition dans "
Lucrèce" en 1943, en jouant l'un des deux
rôles principaux avec Pierre Fresnay dans "Le Défroqué" (1954) et fut réemployé par lui dans "
Le Désert de Pigalle" (1958). Il fut également l'un des acteurs du film "
Les Chiffonniers d'Emmaüs" (1954) de Robert Darène rendant hommage à l'abbé Pierre.
Enfin, il fut l'un des comédiens du film sur l'aviatrice Hélène Boucher "Horizons sans fin" (1953) de Jean Dréville et campa une interprétation magistrale dans le magnifique film "Normandie Niemen" du même réalisateur en 1959. On le vit dans "
Les Indiscrètes" (1955) de Raoul André, "
Tu es mon fils" (1957) de Luigi Comencini, "
Ah, quelle équipe " (1957) de Roland Quignon avec Sydnet Béchet.
En jouant le rôle de l'instituteur dans "La Guerre des Boutons" (1962) d'Yves Robert, il établit définitivement sa notoriété mais quitta les studios. Il ne revint au cinéma que pour quelques apparitions dans les films de Bertrand Tavernier, "Autour de Minuit" (1986) et "La Vie et Rien d'Autre" (1988).
Il poursuivit sa carrière en doublant pour la postérité la voix d'acteurs américains dans une cinquantaine de films (dont celles de Peter Falk, James Cagney, Marlon Brando...), des séries télévisées (le docteur Loveless dans "Les Mystères de l'Ouest"...) et fut le principal animateur de dessins animés des années soixante aux années quatre-vingt dix en prenant les voix de "Daffy Duck", "Popeye", "Joe Dalton", "Tortue Géniale"...
Il s'engagea parallèlement au théâtre dans une dizaine des pièces entre 1943 et 1973 dont la plus connue est sans doute "Madame Sans Gêne" (1973) mise en scène par Michel Roux au Théâtre de Paris avec Jacqueline Maillan dans le rôle-titre et Pierre Trabaud dans celui de Napoléon.
Pierre Trabaud s'éteignit le 26 février 2005 à Versailles. Sa voix demeure et ses films restent. Digne employé de son époque, usant de plusieurs cordes à son arc, il honore le 7ème Art et la Ville de Chatou de son talent.
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Pierre Trabaud dans le film "Normandie Niemen" 1959 Crédit Cinémonde
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Pierre Trabaud dans le film "Normandie Niemen" 1959 Crédit Cinémonde
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Pierre Trabaud dans le film "La Guerre des Boutons" (1962) d'Yves Robert - Crédit Collection Nicole Trabaud
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Pierre Trabaud dans le film "Les Chiffonniers d'Emmaüs" (1954) de Robert Darène rendant hommage à l'abbé Pierre.
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Pierre Trabaud dans le film "Normandie Niemen" (1959)
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Pierre Trabaud au Théâtre de Paris en 1973 dans la pièce "Madame Sans Gêne" Mise en scène par Michel Roux avec Jacqueline Maillan dans le rôle-titre et Pierre Trabaud dans celui de Napoléon. - Crédit Collection Nicole Trabaud
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Pierre Trabaud bien entouré à l'occasion de la réception de l'une de ses deux récompenses pour son interprétation dans "Le Défroqué" de Léo Joannon. En 1954, il reçut le "Prix du Triomphe du Cinéma" à Paris, en 1955, le "Prix de l'Ours d'Or" de Berlin - collection Nicole Trabaud