La voiture de l'élite... à Chatou
Les catoviens Adrien Karbowsky (1855-1945) et Georges Rémon (1889-1963) participent à la décoration du paquebot « Paris » de la Compagnie Générale Transatlantique lancé en 1921. Paul Poiret et Georges Rémon seront réunis à l’inauguration du paquebot « Ile de France » en 1927 pour leurs aménagements intérieurs.
À Chatou, Emile Pathé dirige la nouvelle « Compagnie des Machines Parlantes » (1920) désormais séparée de l’activité cinématographique. Très éprouvée par la Grande Guerre, occupant plus de mille employés boulevard de la République, l’activité phonographique des frères Pathé a dû céder à l’un de ses fondateurs, Claude Grivolas (1855-1938), une partie des terrains pour une reconversion. Après le temps des obus vient celui des tracteurs (1919-1921) puis des voitures.
Georges Irat a une idée en tête : entre la grande industrie automobile développée par Citroën et le modèle artisanal qui occupe encore des centaines de constructeurs, il entend développer une voiture de sport et de luxe. Il s’appuie sur un ingénieur venu de Delage, Maurice Gaultier et construit de 1921 à 1928 boulevard de la République une berline 11 chevaux 4 cylindres. Ses qualités : 100 km/h, 10 litres aux 100, 2 ans de garantie.
Dans son usine, un slogan : « faire peu pour faire bien ». Plus de mille voitures sortent des ateliers de Chatou.
En 1927, 267 employés sont déclarés aux usines Georges Irat dont une partie vit à Chatou. En 1926, le chef d’atelier, Louis de Penneauch, est recensé 10 rue du docteur Rochefort, le dessinateur, Raymond Bes, est domicilié 42 rue des Landes, enfin Paul Berthier, ingénieur, réside 33 boulevard de la République cependant qu’Albert Ferdinand, lui aussi ingénieur, habite 49 boulevard de la République. Ils créent en 1927 un modèle 15 chevaux 6 cylindres qui réussit à inquiéter Bugatti en course. Georges Irat, domicilié 103 avenue de Villiers à Paris, loue une villa au Vésinet 2 avenue Corot.
Son usine fonctionne 37 boulevard de la République à Chatou sur l’actuel site Thalès lequel maintient aujourd’hui la tradition industrielle de la commune. La carrosserie est laissée au choix du client. Mais Georges Irat doit en 1929 renoncer à sa production dont la modernité initiale marque le pas cependant que les coûts flambent.
Georges Irat déménage à Neuilly et pense encore sortir un modèle haut de gamme, la berline Irat Huit, à moteur huit cylindres Lycoming. Un seul exemplaire semble-t-il, aura les faveurs d’un industriel.
Virage à 180 degrés, il part à Levallois-Perret et produit un roadster, apanage des routes anglaises. Il y fait construire un moteur Ruby 5 et 6 chevaux par les établissements Godefroy et Lévêque. Jusqu’en 1939, environ 600 voitures sont produites. On les retrouvera dans plusieurs films.
Ce sera le chant du cygne de la voiture de tourisme pour Georges Irat dont la production ne sera pas soutenue par l’Etat.
Enfouie peu à peu dans la mémoire collective après la guerre, la marque automobile sera promue par Monsieur Michel Piat, le président fondateur du club « Georges Irat – La Voiture de l’Elite » en 1992, dont l’extraordinaire travail a notamment permis de rassembler des collectionneurs pour le Centenaire automobile de la marque à Chatou les 24,25 et 26 septembre 2021.
Une médaille commémorative a été léguée par Monsieur Piat à la ville.
Une rue Georges Irat a été inaugurée le 26 septembre dernier aux côtés d’un torpédo du 7 août 1922 restauré par Monsieur Bernard Demonchy.
Enfin, lieu de naissance et âge d’or de la marque, notre commune a été baptisée le 26 septembre dernier par Monsieur Jean-Louis Blanc, président de la Fédération Française des Véhicules d’Epoque, « Lieu de l’histoire automobile ».
Un savoir-faire, de l’innovation, du prestige : c’était Chatou.
*L’association Sequana possède un monotype de Chatou
La Ville de Chatou a fêté les 100 ans de la marque automobile Georges Irat les 24, 25 et 26 septembre 2021. Ce constructeur français, dont les usines furent un temps basées à Chatou, était spécialisé dans les voitures sportives.
Aficionados ou non, de nombreux Catoviens ont découvert cette "voiture de l'élite" au cours du défilé qui a animé les rues de Chatou et pendant l'exposition de modèles d'exception sur l'ancien site de construction de la marque (actuellement occupé par une unité de l'entreprise Thalès).
Un centenaire à la hauteur des créations de Georges Irat qui a également permis aux collectionneurs de se retrouver autour de leur passion.
La mémoire de la marque Georges Irat - mise à l'honneur dans le cadre de son centenaire par la Ville de Chatou - a été entretenue ces dernières années par l'association Chatou Notre Ville avec l'édition d'un CDROM en 2001, l'exposition d'un coach en 2005 dans le jardin de l'hôtel de ville, la publication d'un livre sur l'histoire industrielle de Chatou (dernière édition 2021).