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Georges Irat : un constructeur automobile à Chatou

La voiture de l'élite... à Chatou

Publié le 5 novembre 2021

Au Salon de l'Aéronautique de 1928 au Grand Palais, le stand du Cercle Nautique de Chatou exposant le monotype (source : blog association Chatou Notre Ville)
Le stand du Cercle Nautique de Chatou exposant le monotype © Chatou Notre Ville
Les années 1920, la renaissance du pays est en route. Automobiles, paquebots, avions, industrie, sport mécanique, haute couture, le rayonnement de la France repose sur un dynamisme inattendu. Son manifeste le plus éclatant est sans doute l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925. Le Cercle Nautique de Chatou y est convié. Ses monotypes *, qui furent construits de 1901 à 1939, viennent à l’exposition et sont en outre présentés régulièrement au Salon de l’Aéronautique au Grand Palais. Le couturier Paul Poiret (1879-1944) en a dessiné le pavillon en 1902. 

Paquebot Paris
DR

Les catoviens Adrien Karbowsky (1855-1945) et Georges Rémon (1889-1963) participent à la décoration du paquebot « Paris » de la Compagnie Générale Transatlantique lancé en 1921. Paul Poiret et Georges Rémon seront réunis à l’inauguration du paquebot « Ile de France » en 1927 pour leurs aménagements intérieurs.

À Chatou, Emile Pathé dirige la nouvelle « Compagnie des Machines Parlantes » (1920) désormais séparée de l’activité cinématographique. Très éprouvée par la Grande Guerre, occupant plus de mille employés boulevard de la République, l’activité phonographique des frères Pathé a dû céder à l’un de ses fondateurs, Claude Grivolas (1855-1938), une partie des terrains pour une reconversion. Après le temps des obus vient celui des tracteurs (1919-1921) puis des voitures. 

Georges Irat serrant la main du président Paul Doumer au Salon de l'Auto 1930 avec derrière lui la berline IRAT HUIT à moteur Lycoming.
Georges Irat serrant la main du président Paul Doumer au Salon de l'Auto 1930 avec derrière lui la berline IRAT HUIT à moteur Lycoming.
Georges Irat (1890-1970), pilote de chasse décoré pendant la Grande Guerre, y pose en effet ses valises en 1921. Ancien directeur du parc automobile de la Compagnie Générale d’Electricité, il connaît peut-être Claude Grivolas qui a fait fortune dans le développement de l’électricité en illuminant l’Exposition Universelle de Paris de 1889.

Georges Irat a une idée en tête : entre la grande industrie automobile développée par Citroën et le modèle artisanal qui occupe encore des centaines de constructeurs, il entend développer une voiture de sport et de luxe. Il s’appuie sur un ingénieur venu de Delage, Maurice Gaultier et construit de 1921 à 1928 boulevard de la République une berline 11 chevaux 4 cylindres. Ses qualités : 100 km/h, 10 litres aux 100, 2 ans de garantie.

Dans son usine, un slogan : « faire peu pour faire bien ». Plus de mille voitures sortent des ateliers de Chatou.

Georges Irat, vainqueur du Circuit des Routes Pavées lors de ses engagements en 1923, 1925, 1926
Georges Irat, vainqueur du Circuit des Routes Pavées lors de ses engagements en 1923, 1925, 1926
La marque connaît la notoriété dans une trentaine de courses automobiles dont elle sort victorieuse. Le site de Chatou reçoit quelques visites : le prince Nicolas de Roumanie, futur régent du royaume de 1927 à 1930, le roi Georges II de Grèce (1922-1924 / 1935-1947), en exil chronique, le roi d’Espagne Alphonse XIII (1886-1931), un vieil ami de la France.

En 1927, 267 employés sont déclarés aux usines Georges Irat dont une partie vit à Chatou. En 1926, le chef d’atelier, Louis de Penneauch, est recensé 10 rue du docteur Rochefort, le dessinateur, Raymond Bes, est domicilié 42 rue des Landes, enfin Paul Berthier, ingénieur, réside 33 boulevard de la République cependant qu’Albert Ferdinand, lui aussi ingénieur, habite 49 boulevard de la République. Ils créent en 1927 un modèle 15 chevaux 6 cylindres qui réussit à inquiéter Bugatti en course. Georges Irat, domicilié 103 avenue de Villiers à Paris, loue une villa au Vésinet 2 avenue Corot.

Son usine fonctionne 37 boulevard de la République à Chatou sur l’actuel site Thalès lequel maintient aujourd’hui la tradition industrielle de la commune. La carrosserie est laissée au choix du client. Mais Georges Irat doit en 1929 renoncer à sa production dont la modernité initiale marque le pas cependant que les coûts flambent.

Georges Irat déménage à Neuilly et pense encore sortir un modèle haut de gamme, la berline Irat Huit, à moteur huit cylindres Lycoming. Un seul exemplaire semble-t-il, aura les faveurs d’un industriel.

Virage à 180 degrés, il part à Levallois-Perret et produit un roadster, apanage des routes anglaises. Il y fait construire un moteur Ruby 5 et 6 chevaux par les établissements Godefroy et Lévêque. Jusqu’en 1939, environ 600 voitures sont produites. On les retrouvera dans plusieurs films.

IRAT USINES CHATOU
La guerre stoppe l’aventure. Georges Irat commercialise une voiturette électrique pendant l’Occupation puis, au lendemain de la Libération, lance un modèle à la carrosserie allégée en magnésium (1946-1949) dont la publicité est assurée par Jean Cocteau. Un exemplaire carrossé par Jean Henri Labourdette (1888-1972) et restauré récemment par Hubert Haberbusch, maître d’art en carrosserie à Strasbourg, nous fera l’honneur de sa visite à Chatou lors du Centenaire automobile avec son maître carrossier.

Ce sera le chant du cygne de la voiture de tourisme pour Georges Irat dont la production ne sera pas soutenue par l’Etat.

Enfouie peu à peu dans la mémoire collective après la guerre, la marque automobile sera promue par Monsieur Michel Piat, le président fondateur du club « Georges Irat – La Voiture de l’Elite » en 1992, dont l’extraordinaire travail a notamment permis de rassembler des collectionneurs pour le Centenaire automobile de la marque à Chatou les 24,25 et 26 septembre 2021.

 Une médaille commémorative a été léguée par Monsieur Piat à la ville.

Une rue Georges Irat a été inaugurée le 26 septembre dernier aux côtés d’un torpédo du 7 août 1922 restauré par Monsieur Bernard Demonchy.

Enfin, lieu de naissance et âge d’or de la marque, notre commune a été baptisée le 26 septembre dernier par Monsieur Jean-Louis Blanc, président de la Fédération Française des Véhicules d’Epoque, « Lieu de l’histoire automobile ».

Un savoir-faire, de l’innovation, du prestige : c’était Chatou.

*L’association Sequana possède un monotype de Chatou

Centenaire de la marque Georges Irat 

Retour en images 

La Ville de Chatou a fêté les 100 ans de la marque automobile Georges Irat les 24, 25 et 26 septembre 2021. Ce constructeur français, dont les usines furent un temps basées à Chatou, était spécialisé dans les voitures sportives.
Aficionados ou non, de nombreux Catoviens ont découvert cette "voiture de l'élite" au cours du défilé qui a animé les rues de Chatou et pendant l'exposition de modèles d'exception sur l'ancien site de construction de la marque (actuellement occupé par une unité de l'entreprise Thalès).
Un centenaire à la hauteur des créations de Georges Irat qui a également permis aux collectionneurs de se retrouver autour de leur passion. 

   

Centenaire de la marque Georges Irat - le film

   

  • Inauguration de la rue Georges Irat, en présence de Michèle Grellier et Pierre Arrivetz, Adjoints au Maire de Chatou, de Jean-Louis Blanc, Président de la FFVE, de Michel Piat, Président du club Georges Irat La Voiture de l'Élite, Marie-Christine Irat, Petite-fille de Georges Irat et des associations du patrimoine de Chatou .
  • Berline 1922 - et deux représentantes Art et Chiffons
  • Marie-Christine Irat, Petite-fille de Georges Irat devant la plaque "Lieu de l'Histoire Automobile" Sur l'ancien site de construction de la marque (site Thalès), 41 boulevard de la République.
  • Pierre Arrivetz, adjoint au Maire et le conseil municipal de Chatou, Jean-Louis Blanc, Président de la FFVE, Michel Piat, Président du club Georges Irat La Voiture de l'Élite, Constance Le Grip, députée des Hauts de Seine née à Chatou, vice-présidente de l'Amicale parlementaire des véhicules de collection Bernard Demonchy, secrétaire du club Georges Irat La Voiture de l'Élite, restaurateur du torpédo rouge et noir du 7 août 1922, Hubert Haberbusch, maître-carrossier, restaurateur du cabriolet en magnésium Georges Irat de 1947 carrossé par Labourdette et Stéphane Noury
  • Conférence sur l'histoire de la marque catovienne "100 ans d'automobiles Georges Irat", animée par Michel Piat, Président du club Georges Irat La Voiture de l'Élite et Emmanuel Piat Responsable de l'histoire et du patrimoine de l'Automobile Club de France, à l'Auditorium de l'Espace Hal Singer
  • Inauguration de la plaque "Lieu de l'Histoire Automobile" par Pierre Arrivetz, Adjoint au Maire de Chatou chargé du patrimoine historique, de Jean-Louis Blanc, Président de la FFVE, de Michel Piat, Président du club Georges Irat La Voiture de l'Élite et Guillaume Baroth, directeur du site Thales (lieu de naissance de Georges Irat) qui accueillait la manifestation
  • DR

   

La mémoire de la marque Georges Irat - mise à l'honneur dans le cadre de son centenaire par la Ville de Chatou - a été entretenue ces dernières années par l'association Chatou Notre Ville avec l'édition d'un CDROM en 2001, l'exposition d'un coach en 2005 dans le jardin de l'hôtel de ville, la publication d'un livre sur l'histoire industrielle de Chatou (dernière édition 2021).