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Si Chatou m'était contée...

Découvrez ou redécouvrez l’histoire des quartiers, le Chatou d’hier et d’aujourd’hui. Première partie : de 704 aux années 60.

Publié le 29 juillet 2021

Difficile d’imaginer que la paisible Ville de Chatou ait pu être le théâtre d’événements historiques agités… et pourtant ! En mars 845, une centaine de drakkars vikings remontent la Seine pour piller Paris. Arrêtés à Charlevannes (Bougival), ils passent par le bras droit du fleuve et affrontent la population locale. Les habitants de Chatou sont alors pendus dans l'île ou crucifiés sur les maisons… le village est saccagé et détruit. Toujours en raison de son emplacement près de Paris et de la Seine, Chatou et les villes alentour sont sur le chemin naturel du passage des Anglais durant la guerre de Cent Ans. Chatou est ainsi brûlée et pillée plusieurs fois. En 1470, il n’y a plus que 2 habitants à Croissy, 4 à Montesson et 30 à Chatou !

Chatou est situé sur l'antique territoire de la cité de Captunacum, bâtie sur la rive droite de la Seine. Cette région est devenue prospère grâce à un riche Romain du nom de Cattus, installé dans ce lieux. Après les grandes invasions du Ve siècle, Chatou devient le siège d'une villa mérovingienne. Les derniers rois Mérovigiens, qui ont un logis royal à l'abbaye d'Aupec (Le Pecq), le donnent aux moines de l'abbaye, avec ses terres et ses dépendances en 704. Il est probable que Chatou en faisait partie. À partir de cette date, les abbayes et les seigneuries de Chatou et de  Croissy apparaissent sur la lisière des bois du Vésinet et sur les bords de la Seine. Ainsi se forment, à peu près en même temps, les villages de Chato (Chatou), Crociano (Croissy) et Mons Texonis (Montesson). Les habitants vivent alors de pêche et de la culture de la vigne. La puissance seigneuriale va exister à Chatou jusqu'à la Révolution !

Le village 

Gilles Malet, Seigneur de Chatou et sa femmes Nicole de Chambly
Gilles Malet, Seigneur de Chatou et sa femmes Nicole de Chambly
Le village de Chatou s’étend autour de quelques rues seulement, sur le bord du fleuve. D’un côté l’église et la route menant à Saint-Germain-en-Laye et de l’autre la seigneurie, présente depuis le IXe siècle.

En 1374, Gilles Mallet, conseiller du roi Charles V, achète la seigneurie. Il se fait alors construire une belle demeure, considérée comme le premier château de Chatou. Sous l’impulsion de Mallet, Chatou retrouve sa prospérité d’antan. Son fils, puis ses petits-fils, lui succèdent au titre de seigneur de Chatou. En 1588, par peur des brigands, une muraille de protection est construite pour enserrer le bourg. Édifiée un peu au dessus de la rue de la Procession (actuelle rue de la Liberté),
cette muraille traverse la rue de Saint-Germain (actuelle avenue du Maréchal Foch), englobe les constructions de l’autre côté de la rue et rejoint la Seine. Tour à tour, les villageois montent la garde dans des bastions. Dorénavant, seules quatre portes permettent d’entrer dans le village.

  • Archives municipales
  • Le premier pont de bois de Chatou vers 1750 - Archives municipales
  • Le bac provisoire 1871 - Archives municipales

Autre point d’entrée important du bourg : la Seine.

Avant la construction d’un pont, on traverse le fleuve grâce à un bac. Mais ce bac a été pendant longtemps l’objet d’avides convoitises, car c’était une voie de communication incontournable entre Paris et Saint-Germain-en-Laye. Ce bac a été successivement exploité par les religieuses de Malnoue (propriétaires en 1050) puis par Thomas le Pileur à la fi n du XVIe siècle. Mais ce bac est loin d’être fiable ! En effet, la traversée est risquée, sans compter l’attente et le passage qui sont longs. En 1626, les Portail, alors seigneurs de Chatou, font construire le pont tant désiré. Le pont de bois à péage se trouve alors dans l’axe de la rue du Port. Même s’il est élargi et reconstruit en pierre au XIXe siècle, ce pont sera
le seul point de traversée du fleuve jusqu’en 1966 !
Le point d’arrivée du pont de Chatou est nommé le « grand carrefour ».

Archives départementales - Rue de la Paroisse
Archives départementales - Rue de la Paroisse
Au début du XVIIsiècle, on y installe un grand marché, présent tous les lundis. Les marchandises arrivent par la Seine et sont remontées sur les berges du fleuve. Pendant longtemps, cette place est le cœur du village. On s’y rencontre, on y discute… plus que sur la place de l’Église, un peu plus excentrée. À cette époque, les Catoviens sont des cultivateurs (notamment des vignerons). Chacun a son lopin de terre. On y croise toutefois quelques pêcheurs, des commerçants et des artisans. De nombreux commerces et cafés occupent d’ailleurs le rez-de-chaussée des habitations de la rue de la Paroisse et de la rue du Port. Les maisons sont proches les unes des autres, dans un dédale de ruelles et de cours.

Mais un nouveau vent d’urbanisme souffle sur Chatou. De vastes constructions, avec des jardins d’agrément, se construisent : ce sont les demeures de campagne des notables parisiens. De ces constructions subsiste l’actuel Hôtel de Ville de Chatou, construit vers 1730. Au-delà du village, il n’y a toujours que des champs, principalement de céréales, et des vignes sur les flancs du coteau vers Carrières. Le maraîchage, venu de Croissy, se développe à partir de 1780.

Henri-Léonard Bertin DR
Henri-Léonard Bertin DR
En 1762 s’ouvre une nouvelle page de l’histoire de Chatou… Henri-Léonard de Bertin s’installe dans le village. C’est le plus marquant des seigneurs de Chatou depuis Mallet.

Secrétaire d’État et ministre de Louis XV, son envergure est nationale. Il a beaucoup œuvré pour l’essor de l’agriculture française. Aussi, dès son arrivée à Chatou, il transforme le domaine seigneurial. Il commence par acheter de nombreuses propriétés aux alentours pour agrandir son domaine (cela correspond à l’actuel parc Moisant). Il acquiert ensuite des parcelles de terre pour en faire un immense potager expérimental. C’est d’ailleurs Bertin qui introduit la culture de la pomme de terre en France. Son potager s’étend alors jusqu’au chemin des Flandres (actuel boulevard de la République) et comprend l’ensemble des propriétés de l’avenue des 27 Martyrs et de la Villa Lambert.

Archives municipales
Archives municipales
Il draine le quartier des Landes et des Cormiers pour des adductions d’eau : réservoirs et bassins alimentent ainsi son potager et le nymphée de Soufflot, qu’il fait construire en 1777. La réalisation du nymphée est sa plus grande fierté. Pour recevoir ses nombreuses relations, il fait également construire un deuxième château, dit château neuf, pour le distinguer du premier. Il trône en bas de l’avenue de la grotte, côté pair. En 1788, Bertin barre la voie qui conduit vers le quartier du Châtelet afin de privatiser l’accès entre son parc et son potager. Les Catoviens sont obligés de faire un grand détour. L'interdiction de passer par les terres du seigneur pour circuler rend les Catoviens mécontents… et ils profitent de la période révolutionnaire pour s’insurger contre leur seigneur. En mai 1789, ils démolissaient les remparts du château. La suite des événements confirme cet état d'esprit subversif et le château est saccagé en 1794, le curé guillotiné la même année, ainsi que Madame de Feuquières qui succédait au seigneur de Bertin !

Au XIXe siècle, le village se transforme

Le début du XIXe siècle est plus paisible même si la cité est occupée par les Prussiens, puis par les Anglais en 1815 ! En 1800, le village compte près de 1 000 habitants, en majorité des agriculteurs. En 1839, le premier bâtiment municipal est construit sur la place de l’Église. Il regroupe l’école des garçons, le logement du maître d’école, une salle de mairie, un local de police et un abri pour la pompe à incendie. L’année suivante,

le progrès technique va transformer le village : c’est l’arrivée de la ligne de chemin de fer entre Paris et Saint-Germain-en-Laye ! De plus en plus de notables parisiens se font construire des maisons de campagne

à Chatou, entraînant le démembrement des grands domaines d’antan. D’ailleurs, l’ancien domaine seigneurial, alors propriété de la famille Lacroix, est morcelé au fil des années. Et pour subvenir aux besoins de ces nouveaux résidents, une population d’artisans s’installe dans de modestes maisons, rue sous-bois, dans le quartier du Châtelet. Les champs reculent et les chemins ruraux s’urbanisent ainsi doucement.

Les violences à Chatou reprennent avec la Révolution de 1848 – le pont de bois est brûlé, le château vieux est démoli (1850) – mais la paix et la prospérité reviennent avec le Second Empire. Sont entrepris des travaux d'urbanisme, de création d'écoles, de réfection des édifices municipaux, de distribution d'eau… Les bourgeois parisiens qui ne venaient qu’à la belle saison viennent petit à petit s’installer de façon permanente. Et, grâce au chemin de fer, beaucoup de salariés peuvent travailler en dehors de Chatou. Quelques éleveurs de bovins viennent même s’installer pour fournir du lait frais à cette nouvelle population. En 1860, la ville a deux bateaux lavoirs amarrés sur la Seine (le plus important est sous l’église). En 1866, arrivent le gaz et les premiers becs d’éclairage public. S’ensuit l’installation d’un réseau général d’égouts et du téléphone. À cette période, il y a un véritable engouement pour Chatou de la part des bourgeois parisiens mais aussi des artistes (Maupassant, Dunoyer de Segonzac, Renoir, Derain, Vlaminck, Matisse, Apollinaire...).

Les années suivantes, le village historique de Chatou évolue peu. Certains groupes d’immeubles près de l’ancien pont sont classés vétustes et insalubres. Un plan d’urbanisme est mis en œuvre intégrant la destruction de ces îlots et la reconstruction du pont prévue par l’État. Le village disparaît totalement à la fin des années 1960 avec la politique dite de « rénovation » organisée par la municipalité. De la période seigneuriale, il ne reste que le nymphée de Soufflot, classé monument historique et le bailliage, dépourvu d’inscription à l’inventaire.

  • Arrivée de la ligne de chemin de fer entre Paris et Saint-Germain-en-Laye - Archives municipales
  • Les bateaux lavoirs - Archives municipales
  • La ferme - Archives municipales

La gare et ses alentours

Au début du XIXsiècle, ce quartier est encore synonyme de campagne. Quelques grandes propriétés – comme celle du marquis d’Aligre – cohabitent avec des parcelles dédiées aux cultures (céréales, aricots, arbres fruitiers…).

Un peu plus loin, au niveau de l’actuel numéro 10 de la rue des Écoles, se trouve le cimetière (1783-1862). On y croise aussi quelques calèches. Encore une fois, c’est l’arrivée du chemin de fer, en 1837, qui va bouleverser et faire évoluer ce quartier. Alors que l’on mettait jusqu’à deux heures pour aller en voiture à cheval au Pecq, le train permet de faire ce trajet en une demi-heure. Chatou est dorénavant aux portes de Paris et une première gare est construite en octobre 1837. S’ensuit la construction d’une nouvelle gare en pierre en 1867 et d’une passerelle pour piéton en 1900 (l'ensemble sera démoli en 1972 avec l’aménagement de la gare RER). Le train amène donc de riches parisiens et plus d’une cinquantaine de maisons sont bâties aux alentours de la gare. Élevées sur 2 étages, elles allient souvent briques et pierres sous une toiture à la Mansart.

Balcons, auvents, avancées et grilles en fer forgé confèrent un air champêtre à ces maisons. De nouvelles rues sont percées comme les avenues d’Aligre, du Général Sarrail et des Vaucelles (actuelle avenue Paul Doumer)…

  • Le quai
  • Station des voitures
  • La gare

Les Parisiens s'installent à Chatou

Maurice Berteaux
Les Parisiens fortunés prennent alors leur quartier d’été avec famille et domestiques dès l’arrivée des beaux  ours. Dans l'avenue d’Aligre, alors interdite à la circulation, un square et un kiosque permettent de se rafraîchir et de louer des chaises. Chatou est devenue un lieu de villégiature extrêmement apprécié. La population augmente de moitié à la belle saison. Certains notables, comme le baron d’Epremesnil ou Madame de Brimont, se lancent même dans des opérations de lotissements. Si les Parisiens ont contribué aux prémices du développement de ce quartier, c’est la municipalité qui poursuit cette dynamique.

Elle commence par accéder à la demande des Catoviens en installant un marché, en 1860. Elle ouvre ensuite des écoles communales, rue de l’Asile en 1869 et avenue de l’Hôtel de Ville en 1886 (actuelle avenue Ernest Bousson). Une salle des fêtes, sous l’impulsion de l’homme politique Maurice Berteaux qui la finance de ses deniers en partie, voit également le jour en 1894 (elle disparaîtra en 1973). Elle servait aux banquets, aux rencontres sportives, aux spectacles, aux remises de médailles…

La Première Guerre mondiale marque l’arrêt des constructions des grandes demeures bourgeoises, habitées à plein temps par les Parisiens depuis 1870. L’urbanisation du quartier prend donc un tour différent avec la construction de pavillons plus modestes… et les meulières sont très appréciées. Des jardins sont amputés et des parcs supprimés pour laisser place à des lotissements (allée Trianon, Villa du Hameau, rues Anatole France et

Pasteur…). Après 1945, même si on construit encore quelques voies pavillonnaires (avenue Rubens, rue Max Roujou), le béton et les immeubles envahissent le quartier.

Jusqu’alors cantonnés autour de la gare, les immeubles s’étendent peu à peu dans la ville. Ce quartier, plutôt récent, sera peu touché par la rénovation complète du vieux Chatou à la fi n des années 1960. 

  • La salle des fêtes
  • Le marché place Maurice Berteaux
  • Le square avenue d'Aligre

L’île de Chatou est artificielle !

L'Île de Chatou -  Bords de la Seine le jour de la joute
L'Île de Chatou - Bords de la Seine le jour de la joute
En face du village historique se trouve l’Île de Chatou. Lieu de plaisance et de villégiature, cette île est artificielle ! À la fi n du XVIIIsiècle, lorsque la machine de Marly est construite, plusieurs îles initialement distinctes sont soudées entre elles pour donner plus de force au courant et améliorer l’efficacité de la machine. Une digue est alors construite entre la grande île de Chatou (partie où se trouve la maison Fournaise et le centre de recherche EDF) et la petite île (partie qui accueille le mail et le parc des impressionnistes), elle-même reliée à l’Île de Croissy. Au XIXe siècle, l’île ne compte qu’une seule maison – celle de Levanneur – et une écurie. Un hameau près du pont se développe avec l’installation du restaurant Fournaise en 1844 et de quelques ateliers. Le restaurant attire les Parisiens et les artistes. Ils arrivent en train, mangent à la maison Fournaise et finissent la journée au bal de la Grenouillère sur l’Île de Croissy. La Seine devient le terrain de jeu des baigneurs et des canotiers, notamment le dimanche. La végétation luxuriante et les rives verdoyantes de l’île inspirent les peintres, notamment Renoir avec son célèbre « Déjeuner des canotiers ». On compte alors une douzaine de bâtiments sur l’île en 1885. Mais la fermeture de la maison Fournaise, au début du XXe siècle, entraîne l’abandon des bâtiments du hameau, qui se dégradent rapidement. Les activités nautiques disparaissent elles-aussi. L’île trouve alors une autre façon de vivre. Un barrage est construit en 1927 et mis en service 5 ans plus tard. Il attire un laboratoire d’essai hydraulique qui s’installe sur l’île.

Après la Seconde Guerre mondiale, EDF y implante son Centre de Recherches et d’Essais. Avec l’arrivée du nouveau pont en 1966, l’île va, petit à petit, retrouver son attractivité d’antan !

Le saviez-vous ? 

Chatou, ville moderne

Le rue de Saint-Germain-en-Laye est devenue l'avenue du Maréchal Foch en 1929
Le rue de Saint-Germain-en-Laye est devenue l'avenue du Maréchal Foch en 1929
En 1904, à Chatou, on pouvait monter dans un tramway !

La ligne qui relie Rueil-Malmaison à Saint-Germain-en-Laye s’arrête enfin à Chatou. Il a fallu attendre plus de 10 ans pour que le tramway à vapeur fasse un détour par la Ville. En 1912, le tramway de la ligne 60 devient électrique.

Mais en août 1914, la compagnie des tramways de Paris et du département de la Seine cesse toute exploitation de la ligne… au grand dam de la population qui utilise ce moyen de locomotion pour aller travailler ! La reprise de la ligne 60 par une nouvelle compagnie dans les années 1920 est insatisfaisante pour les usagers. Aussi la commune décide de remplacer la ligne 60 du tramway par une ligne de bus, en 1928. Ainsi s’achève l’histoire du tramway, qui disparaît définitivement des rues de Chatou en 1930.

Du boulevard de la République à la route de Maisons...

Ce quartier est longtemps resté à l’état de territoire agricole. Les Sablons, les Graviers, les Cormiers, le Val… tous les noms de ces lieux dits le confirment ! Même si la terre y est moins fertile que sur les bords de Seine et le coteau. La première construction connue est d’ailleurs celle d’un moulin à vent en 1684.

Il était sur le terrain de l’actuelle Maison pour Tous et cessa de fonctionner vers 1830. Le long de la forêt du Vésinet se trouvent les « communes », propriété collective des habitants de Chatou et de Montesson où, pendant des siècles, les animaux viennent paître. Le gibier de cette forêt, aménagée en chasse royale, endommageait fortement les cultures. Pour s’en protéger, un mur d’enceinte est même construit autour de la forêt en 1787.

Les délimitations de ce quartier évoluent beaucoup au cours du XIXe siècle car les vastes terrains communaux sont partagés avec Montesson. Il y a eu plusieurs accords de cession.

Sans compter l’installation de la commune du Vésinet en 1875, créée sur l’ancienne forêt domaniale, qui fait perdre 130 hectares à la  Ville de Chatou !

Les premiers travaux de ce quartier sont entrepris par le seigneur Bertin, vers 1778, lorsqu’il souhaite collecter des eaux pour son potager et son nymphée… mais il n’y a toujours aucune habitation.

D’ailleurs, l’arrivée du chemin de fer n’a aucune incidence sur ce quartier. Quelques maisons apparaissent, éparses, au bas de la rue des Landes et le long du boulevard de la République, lors de l’ouverture du cimetière des Cormiers (actuel cimetière des Landes), en 1862. Quelques maraîchers et artisans s’installent également route de Montesson (actuelle rue du Général Leclerc). En 1866, le secteur dit du « Petit Chatou » compte 24 maisons et 90 habitants.

Mais en raison des différentes modifications territoriales déjà évoquées, le secteur ne compte plus que 8 maisons en 1872 et 6 en 1881 !

  • Route de Montesson (actuelle rue du Général Leclerc)
  • Rue des Landes1910
  • Le boulevard République

Le quartier se développe

Le développement de ce quartier est avant tout lié à l’installation des usines. Ce sont d’abord les usines Pathé qui viennent s’installer boulevard de la République (à côté de l’actuel Centre administratif), en

1898. Commence alors une grande aventure technologique à laquelle participe de nombreux Catoviens. L'usine de Chatou assure le pressage des disques des labels de cette entreprise française du secteur musical ainsi que de nombreuses autres marques indépendantes. C’est également à Chatou que sont fabriqués les téléviseurs et les émetteurs radio. L’usine ne cesse de s’agrandir mais elle ferme en 1992. De 912 salariés en 1935, elle passe à 1717 en 1955. Et la sirène stridente de l’usine, qui sonne plusieurs fois par jour, rythme les journées des habitants du quartier !

Tout près des usines Pathé s’installent les ateliers de constructions mécaniques Filtz et Grivolas. Constructeurs de matériel agricole et de tracteurs à leurs débuts, ils participent à la fabrication d’armement durant la Première Guerre mondiale. Un constructeur automobile, Georges Irat, prend place sur le site en 1921 et y restera jusqu’en 1929. Il y fabriquera près de 1 000 voitures. Non loin de là, la Manufacture Française des machines à coudre prend aussi possession du quartier en 1918.

Quelques petites entreprises de bonneterie, mécanographie et de fabrication de semelles en caoutchouc ont aussi des ateliers.

Cette importante activité industrielle engendre donc de grands changements dans le quartier, jusqu’ici très peu habité.

Hormis les routes de Montesson et d’Argenteuil, ce quartier n’était traversé que par des chemins de terre. La rue des Landes est alors prolongée au-delà du cimetière, en 1898, et la voie Poissonnière est percée.

En 1908 et 1909, les rues du Lieutenant Ricard, des Cormiers et Jules Ferry font leur apparition. Des constructions pavillonnaires voient le jour afin de loger les nombreux ouvriers et employés des usines. Jusqu’en

1940, l’urbanisation se fait au coup par coup.

En 1931-1935, des logements sociaux sont construits rue Ribot et des commerces s’installent place du docteur Roux. Le quartier est en pleine mutation, il prend enfin vie… Un stade est aménagé, une chapelle est implantée et le groupe scolaire Jules Ferry ouvre ses portes en 1932.

L’évolution du quartier est sévèrement ralentie durant la Seconde Guerre mondiale lorsque les troupes françaises et allemandes occupent successivement les locaux des usines et de l’école. La fin de la guerre entraîne l’installation de nouvelles usines (Markt, Avialex, Frigeco…) qui permettent le développement de l’habitat collectif, des écoles et des commerces, déjà amorcés au début du siècle. La population augmente et le marché Debussy s’installe en 1949 afin de satisfaire les Catoviens. L’apparition d’immeubles et de cités, dans les années 1960, va entièrement transformer le quartier.

  • Sortie des usines Pathé
  • Usines Pathé pressage des disques
  • Groupe scolaire Jules Ferry (école des filles)1939

La faisanderie 

On ne peut pas parler du quartier sans évoquer le magnifique domaine de la Faisanderie, même si, aujourd’hui, il  fait partie des vestiges du passé.

En 1776, le comte d’Artois reçoit en apanage la forêt du Vésinet. Passionné de chasse, il y installe une faisanderie (élevage de faisans), et y fait construire un pavillon de chasse et deux dépendances (pour le jardinier et le gardien) par François Bélanger, en 1783. La Faisanderie s’étend alors sur 10 hectares. Après l’exil du comte d’Artois lors de la Révolution française, le domaine est vendu aux enchères comme bien national. Exploité sur le plan agricole pendant des années, il est adjugé en 1843 à Madame

Ruinart de Brimont qui procède, avec son époux, à un réaménagement total du domaine. Le parc est divisé en lots et vendu à différents acheteurs.

Madame de Brimont en profite pour créer de nouvelles avenues comme celles de Brimont, de la Faisanderie, Roger et du parc.

Un nouveau quartier voit ainsi le jour. Le pavillon de chasse est détruit et remplacé par un nouveau bâtiment en 1862. Seuls les 2 pavillons des dépendances sont conservés et préservés (inscrits à l’inventaire des monuments historiques depuis 1977). La congrégation du Bon Sauveur s’installe avenue Victor Hugo en 1922. En 1924, l’aménagement du quartier se poursuit avec le découpage en 84 lots du parc du château. De nouveaux lotissements sont construits et de nouvelles rues apparaissent. Ce quartier a su conserver quelques belles demeures de jadis.

  • Le domaine de la Faisanderie
  • La Faisanderie - Le Lac
  • L'avenue de Brimont

... en passant par le Chatelet

Tout comme le secteur de la République, le quartier du Châtelet est rural durant plusieurs siècles. Il réunit les lieux-dits Les Coteaux et le Grand Bray (qui signifie boue en vieux français). Les vignes s'y concentraient. Les horticulteurs et les maraîchers étaient également nombreux à exploiter les terres des bords du fleuve.

Quelques maisons modestes apparaissent à la fi n du XIXsiècle. C’est là que logeaient les artisans et les ouvriers qui travaillaient pour les riches propriétaires installés vers l’actuel Hôtel de Ville et le quartier de la gare. C’est dans les années 1870-1880 que l’on ouvre la rue du Bray, des Jardinets (actuelle rue Maurice Hardouin), Deloigne, la nouvelle route de Carrières (actuelle avenue Gambetta)… Mais même si les champs reculent, le quartier reste peu peuplé. Deux maisons seulement rue des Jardinets en 1891 ! La transformation du quartier ne s’opère réellement qu’après la Première Guerre mondiale. Le quartier du Val Fleuri commence son urbanisation avant 1914 et s’étoffe au fi l des ans.

Dans les années 1950, ce quartier est considéré comme résidentiel et familial.

  • Le Châtelet - Rue du Bray
  • Le Chatelet

La Villa Lambert

En 1873, Louis-Étienne Lambert achète le parc de la Pièce d’eau lors du morcellement, par la famille Lacroix, du domaine seigneurial de Bertin. Il y fait construire son château (1883) ainsi qu’un petit lotissement. Une voie privée bordée de murs de clôture est également aménagée. Ainsi naît la Villa Lambert, du nom de son promoteur ! Le château de Monsieur Lambert, communément appelé Château de la Pièce d’eau, a été le quartier général de la Résistance mais aussi le théâtre d’un événement tragique en 1944.

Suite à l’emprisonnement de soldats allemands par la Résistance française, des blindés allemands roulent sur Chatou le 25 août 1944.

Malgré la libération des prisonniers allemands ordonnée par le lieutenant Torset pour éviter un massacre, 27 résistants sont mutilés et assassinés par les soldats allemands. Le lendemain, la Ville est libérée par le Général Leclerc. Et le 28 août, les corps des résistants enterrés devant le château sont inhumés au cimetière des Landes. Chatou honore toujours ces 27 martyrs et une rue porte ce nom.

 

  • La Villa Lambert - ancienne entrée du château de la pièce d'eau archives
  • La Villa Lambert - Entrée du parc
  • La Villa Lambert - La pièce d'eau
  • La Villa Lambert - Le château pièce d'eau
  • La Villa Lambert - l'enterrement des 27 martyrs au cimetière des Landes